Roman
Stephen King
Editeur : Albin Michel
Date de parution : 1er mars 2013
Broché : 944 pages
ISBN-13: 978-2226246943
Présentation du roman
Avec 22/11/63, Stephen King nous plonge dans un de ces romans les plus ambitieux : 22/11/63 est une fiction qui est basée sur un événement historique qui marqua l’Amérique (et le monde).
Abordant le thème du voyage dans le temps de manière originale (chaque séjour est une remise à zéro de ce qui a été changé la fois précédente) le roman aborde de plein fouet la théorie de l’effet papillon dans cette réalité-fiction, sous l’apparence d’une enquête policière liée à une histoire d’amour de l’envergure de Histoire de Lisey.
L’histoire prend donc ses racines dans le quotidien d’aujourd’hui, en 2011, dans lequel Jake Epping, un professeur de lycée, la trentaine, habitant Lisbon Falls (Maine), découvrira par un voisin le “trou-du-terrier” (référence évidente à Alice) qui permet de se retrouver dans l’Amérique de 1958… et de revenir, 2 minutes plus tard, dans le monde de 2011, et ce, quel que soit le temps passé en 1958.
Al, le voisin de Jake, lui suggèrera l’idée de retourner dans le passé, et de sauver Kennedy en éliminant Lee Harvey Osward, le tueur qui changea l’Amérique et engendrera les millions de morts du Vietnam… puisqu’Al est convaincu à 95% du fait qu’il s’agissait de l’acte d’une personne isolée.
Al s’en chargerait lui-même sil n’était pas atteint d’un cancer en phase terminale.
Jake Epping réalisera d’abord plusieurs voyages “tests” afin de comprendre comment fonctionne le “trou-du-terrier”, et de vérifier que chaque passage dans la ‘fissure dans le temps’ est bel et bien une remise à zéro des changements réalisés. D’ailleurs, dans les premiers séjours, il savourera des repas et des bières qui sont bien meilleurs que ceux d’aujourd’hui, malgré la pollution des cigarettes qui sont très populaires et communes.
Lors du voyage “ultime” dont l’objectif est de vérifier que le meurtre est bien l’oeuvre d’Oswald seul, Jake devra donc vivre 5 ans dans le passé. Au cours de ce séjour il deviendra professeur, se prétendra écrivain, et se liera d’amitié puis connaîtra l’amour avec Sadie Dunhill, une bibliothécaire. Il financera son séjour par son travail ainsi que par l’argent qu’Al avait pu ramener de ses voyages (étrangement, ce que l’on a sur soi en retraversant le trou-du-terrier, demeure), et par des paris réalisés grâce aux informations récoltées par Al dans ses carnets.
Jake se livrera donc à des investigations pour en savoir davantage sur Oswald et vérifier qu’il mérite bien d’être tué afin d’empêcher le meurtre du président.
Jake réussira-t-il à sauver le président? Les actes réalisés dans le passé auront-ils des conséquences dans le futur?
Stephen King a réalisé un formidable tour de force dans la restitution de l’Amérique de la fin des années 50/début des années 60, des accents locaux (yankee et texan)… et de l’univers lyrique et fortement musical de cette période (les années swing).
Né en 1947, Stephen King a connu cette période, ce qui ne l’a pas empêché de procéder à de nombreuses recherches documentaires pour réaliser cette reconstitution des éléments mentionnés ci-dessus, ainsi que du climat politique de la Guerre Froide, de la Crise de Cuba, ou encore des “alibis” de plusieurs personnages réels et des lieux de vie d’Oswald. Stephen King remercie d’ailleurs son équipe d’informateurs qui l’a soutenu pour la rédaction de ce livre, donnant également une liste d’ouvrages à lire, déclarant en avoir lu une pile aussi haute que lui.
Bien plus qu’une fiction, cet ouvrage de Stephen King mêle habilement réalité et fiction, enquête policière, reconstitution historique et une histoire d’amour… qui feront sans doute penser que Stephen King, le grand narrateur de romans ambitieux, tels que ÇA, LE FLEAU, LA TOUR SOMBRE pour ne citer que quelques-uns de ces romans intemporels, est bel et bien de retour dans ce roman également intime.
Rappelons que, comme le dit Stephen King dans sa postface, il avait tenté d’écrire ce roman dans les années 70, mais avait vite abandonné car la blessure de la mort de John Fitzgerald Kennedy était encore trop récente, et la documentation sur l’assassinat peu aboutie. C’est ainsi qu’un peu moins de 40 ans plus tard, il a repris l’idée alors que cela fait presque 50 ans que JFK est décédé.
Stephen King, un auteur de romans d’horreurs? Pas seulement. Certes Stephen King a écrit beaucoup de récits d’horreur, et continue à le faire occasionnellement*, néanmoins Stephen King est avant tout un auteur de fantastique.
Stephen King demeure un grand narrateur qui, par ce roman, réaffirme ses lettres de noblesse et les raisons pour lesquelles il gagne depuis une dizaine d’année des prix littéraires pour l’ensemble de sa carrière.
22/11/63 est la preuve de son talent de narrateur.
Et vous, si vous pouviez retourner dans le passé : que feriez vous? Que changeriez vous?
Biographie de l’auteur
Stephen King : plus de 50 romans, tous best-sellers et plus de 200 nouvelles. Un mythe vivant de la littérature américaine (National Book Foundation Medal en 2003 pour sa contribution aux lettres américaines, Grand Master du Prix Edgar Allan Poe en 2007), ” l’Edgar Poe du XXe siècle “.
L’avis des lecteurs :
Un voyage dans le temps plus tendre que politique
“22/11/63″ est la date où JFK se fait assassiner à Dallas. C’est en théorie le sujet principal du livre et en fait, d’après moi, plus un prétexte à raconter une histoire à la Benjamin Button.
Nous faisons connaissance, dans le verdoyant et paisible état du Maine cher à S. King, de Jake, un tranquille professeur d’anglais. Jake part s’acheter un burger dans sa sandwicherie préférée quand il s’aperçoit que son propriétaire, Al, semble avoir considérablement vieilli en une journée. Al, qui va bientôt mourir, lui confie son secret: son débarras mène dans le passé. A 11h58 du matin, un jour de 1958 très précis. Et Al aimerait bien que Jake mène son grand projet: aller dans le passé et y vivre jusqu’à neutraliser Lee Oswald, avant qu’il ne tue Kennedy.
Le premier voyage dans le passé se déroule dès la fin du premier chapitre et dès ce moment, j’étais complètement happée dans l’histoire. C’est à la fois ludique (à chaque fois qu’on repasse par le débarras, on remet l’histoire à zéro, et quand le personnage revient dans le passé, il doit rejouer les scènes comme dans Un Jour sans fin) et tragique (les personnages du passé oublient Jake et si celui-ci oublie quelque chose, cela peut avoir des conséquences catastrophiques).
Le fantastique est léger: le récit est essentiellement, comme souvent chez King, une histoire humaine, dans le cas présent une très belle histoire d’amour. Malgré cette légère touche de fantastique (mais insistante, car livrer un élément du futur dans le passé peut contribuer à dérégler le temps), je n’ai pas vu le temps passer. Comme Jake, on s’émerveille de ce retour au temps passé. On s’en désole aussi, en voyant la ségrégation raciale aux toilettes ou dans une bien moindre mesure le règne de la cigarette. Mais finalement il n’y a guère de différences avec 2011.
On découvre aussi, comme d’habitude, des personnages haut en couleurs (les personnages féminins m’ont semblé particulièrement réussis et marquants). Et on retrouve les marottes habituelles de S. King: un personnage principal écrivain à ses heures, la bonne vieille ville de Derry (qui depuis tous ces livres en a vu des vertes et des pas mûres), le clown près des enfants comme dans Ça, le mari tabasseur, la folie, le Monstre…
Finalement, c’est l’histoire qui était censée être la plus importante, celle visant à stopper l’assassinat de JFK, qui m’a la moins intéressée (mais qui doit j’imagine beaucoup “parler” aux lecteurs américains et qui paraît monstrueusement documentée). Heureusement pour moi, elle n’arrive que tardivement et brièvement au premier plan. Ce livre reste surtout le voyage personnel d’un homme, le récit d’amours et de renoncements nécessaires. Cela faisait 15 ans que je n’avais pas lu un S. King, j’ai lu celui-ci aussi voracement que ses autres livres quand j’étais ado et j’ai de plus été très émue par la fin. Dans mes souvenirs ses livres étaient divertissants et imaginatifs, mais je ne me souvenais pas qu’ils parlaient aussi bien au coeur humain.
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